A single family under the sun

« Félicitation, Madame Pereira, vous venez de donner naissance à un fils. » Je venais de naître, je ne me rappel donc pas de ce moment, mais je peux vous assurer que ma mère a pleuré à cette annonce. Elle a pleuré car elle savait qu’elle venait de donner naissance à l’héritier de son mari, et c’est tout ce dont elle avait peur. Avoir un fils était un cadeau pour elle, mais pas avec cet homme pour mari, pas comme ça, pas ainsi… J’étais né pour prendre la suite de son travail, j’étais né pour représenter les Pereira et ce pour n’importe quoi, à n’importe quel prix. Quant à mon père, il ne pu retenir son sourire, j’étais et ce même après uniquement quelques secondes de vie, sa plus grande réussite, son futur et il voyait en moi, tout ce qu’il ne pourrait pas lui même achever pendant son règne. Non, mon père n’est pas roi, mais tout peut s’en approcher. Moi, Sanaël Lukas Alejandro Pereira, je suis né fils du grand Pereira, le plus grand parrain que la mafia brésilienne est connu. Je devais avoir ça dans le sang, je suis né avec cette destinée, un jour le remplacer, moi premier né de cette famille et personne d’autre. A savoir que j’étais un garçon, m’a mère en a pleuré des jours entiers, mais elle savait que son rôle à elle, serait de me faire le moins souffrir de ce rôle. Je n’étais pas un enfant comme les autres, j’allais grandir en apprenant à diriger une ville par la peur et pour cela, il fallait d’abord que j’apprenne à affronter les miennes, pour cela il allait falloir que je découvre les pires œuvres de la nature, que j’agisse tout simplement comme un monstre, comme le voulait mon père et je devais commencer mon apprentissage dès mon plus jeune âge, sans jamais avoir de répit, j’étais un Pereira et dès ce jour, dès le 26 juin 1988, j’étais devenu le deuxième homme le plus dangereux de cette ville, de ma ville. Rio De Janeiro.


« Mais je ne comprends pas, il ne pourra plus jamais aller dehors ? » « Si Madame Pereira, seulement, il faudra faire attention à ce qu’il fait, à ce qu’il touche et surtout à ce qu’il ne tombe pas malade, qu’il ne soit pas au contact de personnes malades, sinon il attrapera la maladie et son corps ne pourra pas se défendre. Sinon… » « Sinon quoi docteur ? » « J’aurais peut être une solution mais je ne promets pas de résultats… » « Ça pourrait sauver mon fils ? » « Le sauver je ne sais pas mais en tout cas réduire sa maladie et le rendre plus fort, oui, surement. » « Alors on tente. » Mon regard intrigué se pose sur ma mère. Je ne comprend pas pourquoi. Je n’ai pas envie d’être un rat de laboratoire et pourtant elle veut tenter la première expérience venue sur moi. Je n’ai pas envie de faire encore plus d’examens, j’ai tout simplement envie de pleurer. Je n’ai que cinq ans et j’en peux tout simplement plus. Trop de piqure tous les jours, trop de monde autour de moi, trop de pression venue de mon père. J’ai envie de crier, de pleurer mais je n’ai pas le droit, sinon je ne serais tout simplement pas digne d’être le fils de Rafaël Pereira. Je n’ai que cinq ans et je connais cette dure réalité. Il faut que je sois fort, même si mon corps est faible, mon mental doit tout surplomber. Je sens la main de ma mère se lier à la mienne et elle m’amène dans un petit coin et se baisse à ma hauteur. « Sanaël. Ne croit pas que je fais ça pour me débarrasser de toi. Je le fais pour ton bien. » La larme qui coule sur sa joue, me fait serrer les poings, pourquoi pleure t-elle ? Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? « Maman… » Je la serre dans mes bras, posant ma tête dans le creux de son cou pour lui montrer que je suis là, que je ne lui en veux pas. Je sais qu’elle fera toujours ce qu’il y a de mieux pour moi et pour ma petite soeur même si elle vient de naître. « Ecoute moi mon chéri. » Elle me prend par les épaules et son regard s’ancre dans le mien comme si je doit réellement comprendre tout ce qu’elle me disait. Je me concentre afin de ne pas en perdre une miette. « Je suis désolée mon bébé. Je suis désolée de t’avoir fait ça, désolée que tu es ce père, et c’est à cause de lui que je suis obligée de tenter ça. Je veux que tu sois fort, tu dois être fort, sinon il te tuera et ça je le refuse. Tu dois contrer ça, il est impossible que tu craques par sa faute, tu seras fort mon fils, tu seras grand. Et ça va fonctionner car il est inconcevable que tu meurs à cause d’un rhume. Je t’aime mon bébé d’accord ? Je t’aime et tu feras de grande chose, tu seras un homme bien je le sais. » Cette phrase résonne en moi, je sais qu’elle y est ancrée. J’aime ma mère plus que tout et ses yeux, son regard, tout me donne l’envie immense de la protéger. Je comprend mon père lorsqu’il dit qu’il ferait tout pour elle. Elle est la personne la plus précieuse au monde, personne n’a le droit d’y toucher. Elle m’embrasse sur le front et reprend ma petite main dans la sienne pour m’amener faire de nouveaux examens avec le docteur. Je ne bronche pas, elle le veut, je le ferais pour elle, pour devenir fort et ne plus jamais faiblir.

Salut, moi c’est Sasha. T’es là pour quoi toi ? » Ne pas parler aux inconnus, ils pourraient être nos pires ennemis. Ne pas parler aux inconnus, même des enfants, leurs pères pourraient faire parti des Arangs ou même de la police. Ne pas parler aux inconnus, sauf si c’est pour avoir des informations ou si l’on est persuadé d’avoir le dessus. « Sanaël. Ça te regarde ? » De toute manière je n’ai que ça à faire. Je suis seul, mon père n’ai pas venu me voir depuis qu’il sait que je ne peux pas faire grand chose tant que je suis dans cet hôpital. Il m’envoie bien des devoirs à faire, des exercices de réflexion mais rien de gentil ou ressemblant réellement à de l’attention d’un père pour son fils. Ma maman doit s’occuper de ma soeur, je comprend qu’elle ne peut pas venir souvent, c’est ennuyant, et puis elle est fatiguée, je préfère qu’elle reste se reposer à la maison. « Bah je sais pas, mais bon, c’était plus pour avoir un sujet de discussion. Après moi je m’en fiche, tu peux aussi mourir dans une semaine, ça me fera ni chaud, ni froid. » « Merci, c’est bon à savoir. » « De rien. » Pfff, c’est quoi ce gars ? Il a pas sa langue dans sa poche celui là. Il sait au moins à qui il parle ? Je ne suis pas n’importe qui ! Ce n’est pas parce que j’ai son âge qu’il doit me parler comme si j’étais son ami. Je suis le fils de Rafaël Pereira, je suis Sanaël Pereira tout de même ! On me doit le respect. Mais en même temps… Ça fait du bien d’avoir l’impression d’être quelqu’un de normal… « J’suis immunodéficient, j’ai pas de défenses immunitaires, donc si tu t’approches et que tu as un vieux rhume, bah peut être que tu m’auras plus la semaine prochaine, c’est vrai. » « Ah c’est con. Moi, j’ai le cancer, t’inquiète pas c’est pas viral, je te tuerais pas. » « Ballot, c’est où ? » « La peau » « Tu as plus combien de jours ? » « Ils savent pas, on verra bien. » « Si tu veux alors, je t’offre mon amitié pour le temps qu’il te reste, et ça se refuse pas comme ça. » « Ah ouais ? Et pourquoi ? C’est pas comme si tu étais un prince. » « Qu’est-ce que tu en sais ? » « Bah de toute façon, si on pourri tous les deux ici, je vais pas le refuser. » « Ok, alors, tu seras mon ami et chez moi, on abandonne pas un ami comme ça. » Empoignant la main que je lui tends, nous scellons alors le pacte de l’amitié le plus puissant que l’on est jamais vu jusqu’alors. Sasha&Sanaël, nous contre le monde. C’est comme ça que nous grandissons ensemble et toujours là l’un pour l’autre alors que tout était là pour nous séparer. Notre relation est la plus difficile, nous sommes les Roméo&Juliette de l’amitié et à partir de ce jour, même nos pères ne pourront réussir à nous séparer.


« Tu as cinq minutes pour sortir de là, sinon tu meurs. Je t’attends dehors fils. » Sous mon regard apeuré, mon père me tourne le dos alors que je reste accroché à cette chaise, le cœur battant à mille à l’heure et le gaz bouillant autour de moi. Dans trois minutes, il allumera le tout et si je ne sort pas rapidement, je brulerais en même temps que ce hangar… Garder son calme, ne pas avoir peur, souffler, réfléchir rapidement. Non, mon père n’est pas du genre à avoir pitié de moi, ma maladie ne l’a pas arrêté, et dès que les médecins lui ont expliqué que des médicaments pouvaient au moins me maintenir en vie, il a sauté sur l’occasion pour commencer ma formation. Une formation hors norme, pour que je devienne son héritier, celui qui dirigera la plus grande mafia du Brésil, la prochaine personne la plus terrifiante de la ville, celle qui fera régner l’ordre et ce n’était pas parce qu’un simple rhume pouvait me tuer qu’il allait arrêter. Regardant autour de moi, la peur me monte au ventre, une larme coule sur mes joues, suivies de plusieurs camarades. Si je ne trouve pas de moyen pour m’en sortir, je vais bruler, tout simplement cramer avec le poisson autour de moi… Les menottes sont bien trop petites pour que je puisse glisser mes mains, mon pouce me gêne à chaque fois, il faut juste que je trouve un moyen pour ne pas me faire tuer. Les deux minutes sonnèrent et d’un coup, la chaleur me prit entièrement, la salle va bruler et moi avec. Je suis tout simplement, un enfant mort. La peur accélére rapidement l’adrénaline qui me fait alors comprendre. Mes pouces sont le problème, il faut que je les rende plus souples. Hurlant à la mort, je me brise les deux pouces afin de passer ma main qui glisse alors beaucoup plus facilement, la douleur me lacére tout le corps. Je prends alors mes jambes à mon cou et me retrouve rapidement bloqué au niveau de la porte. Je suis fini, tout est fini. M’accroupissant au sol, j’attends cette mort qui doit de toute façon m’arriver un jour, que ce soit par le métier auquel je suis prédestiné ou bien par ma maladie, je mourais jeune alors, autant le faire maintenant avant que je ne devienne foncièrement mauvais… « Sanaël par là ! » Mon regard se tourne, une lueur d’espoir dans les yeux. Ce n’est pas mon père… Il s’en fiche donc réellement… Avec la peur au ventre, je suis alors l’homme de main de mon paternel, espérant que ce n’est pas un piège. Il me prend alors sur son épaule me sortant du feu, alors que je ne ressent plus rien, mes poumons prient par la fumée et mes yeux par mes larmes en abondances. Je sens le sol venir rapidement, rouvrant les yeux, je me retrouve dans une petite ruelle seul. « Il aurait du s’en sortir seul, vous n’auriez jamais du aller l’aider ! » « Ce n’est qu’un enfant, et si vous voulez que votre héritier soit votre fils, mieux valait ne pas le tuer maintenant, Monsieur. » « Mais il s’en souviendra. » Je me suis levé à l’entente de ses voix, sa voix, il n’aurait donc eu aucun scrupule à me laisser pour mort dans ce hangar abandonné. Il allait falloir que je fasse beaucoup plus pour impressionner mon père, il allait falloir que je devienne l’homme qu’il voulait que je sois pour un jour voir de la fierté dans son regard… « Te voilà toi. » Je sens mes jambes me trahir mais de toutes mes forces je reste debout, le regard dans celui de mon père. Fini, je ne serais plus un lâche, la vie avait fait de moi son fils, il fallait que j’en sois digne. La gifle que je reçoit me propulse violemment au sol, mais il ne faut pas que je pleure, il faut que je reste fort pour lui… C’était la dernière que je recevais de sa part pour l’avoir déçu, maintenant il fallait juste que j’apprenne à ne plus jamais avoir peur, j’étais mon pire ennemi, il fallait juste que je m’en rende compte et je deviendrais alors plus fort que lui, je deviendrais supérieur à mon père, lui montrant que je n’étais pas qu’une défaite.