Perfection. C’est le premier mot auquel mes parents ont pensé quand je suis née. Et ce n’est pas une exagération de ma part, ce sont eux qui me l’ont dit. Et qui me le disent toujours, régulièrement. J’ai en effet toujours répondu à leurs attentes, dans tous les domaines. Outre un brillant parcours scolaire sans la moindre anicroche, je maîtrise particulièrement bien le violon et la clarinette, ainsi que trois langues étrangères. Comble du bonheur, je suis sagement le chemin qu’ils m’ont tracée avant même ma naissance, sans broncher : après mes études de commerce et marketing à Columbia selon la tradition familiale, j’ai immédiatement décroché un travail chez Lancôme. Le rapport ? Le nom Collins est certes des plus courants, néanmoins si vous l’associez à Lancôme, vous tomberez forcément sur mes parents, co-dirigeants de la division États-Unis de cet empire des cosmétiques. Des sous, nous en avons donc. Et pas qu’un peu. J’ai bien vite appris qu’il était important dans notre situation de ne pas trop parader avec. S’engager dans une cause humanitaire m’a été de plus chaudement recommandé. J’ai choisi la cause des handicapés, sans réel intérêt au début. Mais je me suis rapidement prise au jeu. Mon engagement est devenu sincère et par conséquent, beaucoup plus actif et convaincant. Un autre bon point que mes parents n’oublient pas de mettre en avant lorsqu’ils m’introduisent à leur carnet d’adresses. Carnet d’adresses qui est d’ailleurs devenu mien avec le temps. J’ai été introduite au monde relativement jeune, à 14 ans seulement. Mes parents estimaient que j’en avais les capacités et ils n’avaient pas tort. Charisme, élégance et éloquence sont effectivement trois de mes principales qualités. Très utile lorsque son job consiste à entretenir les relations avec les gros clients de l’entreprise. Mais pas seulement.
Tout est question d’apparence dans mon milieu, j’en fais l’expérience chaque jour.  Si mes qualités relationnelles me sont indispensables au travail, j’ai également besoin d’une bonne dose de perspicacité et d’analyse. Vous n’imaginez pas le nombre de contrats qui se concluent discrètement dans la chambre d’un hôtel de luxe. Distinguer le potentiel acheteur heureux en ménage de celui délaissé par sa femme depuis des années est devenu une spécialité chez moi. Je fais en sorte de combler le manque. Pas directement bien sûr, pour qui me prenez-vous ? Il y a des filles faites pour ça. J’ai également plusieurs contacts capables de faire disparaître une somme d’argent conséquente quelque part sur un paradis fiscal ou au contraire de laver quelques billets sales. Je ne me mouille jamais moi-même, je ne tiens pas à me mêler de ce genre de choses. Je mets juste en relation deux personnes susceptibles d’avoir un intérêt commun. C’est ça le vrai business après tout. Et j’avoue bien me débrouiller pour l’instant, comme tout ce que je fais dans la vie.
Et sinon j’ai une sœur. Je ne vous en ai pas parlé avant parce qu’elle n’en vaut pas la peine. Tout ce qu’il faut savoir, c’est que cette p*te a couché avec mon petit-ami quand j’avais 17 ans. Je ne lui pardonnerai jamais.